Nuage de Brise entra dans la Pouponnière, s'allongea à côté des boules de fourrures de toutes les couleurs et posa la tête sur ses pattes. Leurs mères étaient sortis chercher à manger, il n'y avait plus personne à l'intérieur et ces derniers temps Nuage d'Hiver avait besoin d'amour : son mentor, Etoile Etincellante, chef de l'ex Clan du Vent, était partie pour la Pierre de Lune il y a de cela beaucoup de jours déjà. L'entrainement de Brise avait été par conséquent mis en suspend jusqu'au retour de la chef et cela attristait beaucoup l'apprentie. Sans compter qu'Etincellante mettait beaucoup de temps à revenir. Et s'il s'était passé quelque chose ? se demandait Nuage de Brise. Mais elle ne savait à qui parler de ses quiétudes et on lui aurait dis de ne pas se faire de mal.
Eh bien si, elle s'inquiétait. Voilà que maintenant - et cela peu de temps après le départ des trois chefs - d'énormes chiens que les chats appelaient communément Maudits étaient arrivés sur les terres du Tonnerre, eux même partant se réfugier dans le camp de l'Ombre. Sous la peur, la Rivière puis le Vent avaient fait de même.
« Plus nous seront fort numériquement, plus nous aurons l'avantage ! » avait dit Éclair de Pluie, la guérisseuse. Elle avait raison, oui, mais cela n'empêchait pas Nuage de Brise et les autres de s'inquiéter de la situation. Quoique, ils ne perdaient pas un instant pour s'amuser. Surtout les chatons.
Et dire que j'ai été comme ça moi. Oh bien sûr, Nuage de Brise aimait s'amuser, mais elle avait grandi et était plus mature que lorsqu'elle vivait encore dans cette Pouponnière - ce qui n'était pas exact, étant donné qu'elle avait vécu dans la pouponnière du Clan du Vent et non pas celle de l'Ombre.
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De petits cris perçants réveillèrent notre jeune apprentie qui releva la tête, paupières à demi-fermés à demi-ouvertes, encore dans les bras de Morphée. Qu'est-ce qui leur prenait à crier comme ça ? Sur le coup, elle ne comprit pas. Elle pensait à de l'orage, qui produirait ces énormes bruits qui lui éclataient les tympans, et à des nuages gris qui cacheraient le soleil. Mais lorsque ses yeux s'habituèrent à la luminosité de l'endroit, Nuage de Brise fut forcée de constater que la Pouponnière était envahie de deux énormes chiens dont la hauteur était si grande qu'ils risquaient de casser le toit.
Et le bruit énorme que Brise prenait pour de l'orage n'était simplement que leurs aboiements. Atroces. Qui avaient réveillés aussi bien les chatons que la jeune femelle.
Son poil se hérissa sur son corps et elle eut d'un seul coup très peur. Puis, les Maudits se mirent à parler. Ils leur ordonnèrent de sortir et de se diriger vers l'arrière de la Pouponnière. Le premier qui criait était mort. Ils se mirent ensuite à pousser violemment les retardataires et par un élan de fraternité et d'altruisme, Nuage de Brise aida de son mieux les petits à avancer plus vite tout en leur chuchotant des paroles apaisantes. Quitte à recevoir les coups. Le Clan, la famille, passait avant toute autre chose.
Combien de temps ils marchèrent ? Aucun des chats présents - tous des chatons, dont une apprentie : Nuage de Brise - n'aurait su le dire. Peu de temps, car le soleil n'était pas encore couché. Mais assez pour que leurs coussinets soient meurtris - à croire que les Maudits faisaient exprès de les faire passer par les endroits escarpés. Ils arrivèrent enfin devant une muraille végétale, dont l'entrée était gardée par deux autres énormes chiens qui les firent entrer.
Vu l'intérieur du camp, Nuage de Brise supposa que c'était celui du Tonnerre ; typique d'un camp de chats - de ce que Nuage de Brise connaissait des camps de chats. Les Maudits étaient partout ; dans les tanières, près d'une souche, d'un tas de nourriture. Partout. Les chats étaient encerclés, sans défenses. Ils étaient pris au piège.
Les Maudits qui les avaient kidnappés - oui, c'était du pur et simple kidnappage - poussèrent les chatons vers la grande souche que Nuage de Brise venait d'apercevoir. Dessus se tenait assis sur son arrière-train un Maudit, qui avait l'air plus imposant que tous les autres. Vu comme il parlait et comme les autres baissaient la tête devant lui, l'apprentie devina que c'était le chef. Rien de bien compliqué à savoir ça, tous les leaders font peur, c'est bien connu.
Ses paroles surprirent la jeune chatte :
« Bienvenue, bienvenue mes enfants. N'ayez pas peur, avancez donc. Savez-vous pourquoi vous êtes ici ? Non ? Je vais vous le dire : vos parents vous ont... abandonnés. Et en gentils que nous sommes, nous vous avons recueillis. Soyez-en heureux et ne nous faites pas honte, à nous, votre nouvelle famille. Emmenez-les dans la Tanière des Captifs. C'est là-bas qu'ils vivront le temps qu'ils deviennent des nôtres. »Comment ça mes enfants
? N'ayez pas peur ? Avec les mesures qu'ils avaient prises pour nous amener ici, il ne fallait pas avoir peur ? Comment ça nos parents nous ont abandonnés ? Ils disent n'importe quoi, impossible que ma mère, Coeur Marbré et mon père, Pelage d'Estompe m'abandonnent ! Impossible ! Je ne les connais que trop bien et ils ne peuvent pas... ils ne pouvaient... pas ? Nuage de Brise eut un doute mais elle se ressaisit aussitôt - ou du moins tenta. Le nom de Tanière des Captifs et les derniers mots du Chien Dominant ne lui disaient rien qui vaille.
Les Maudits les forcèrent à avancer jusqu'à une grotte envahie par le lierre. Les chatons et l'apprentie y entrèrent et furent aussitôt pris par l'affreuse odeur qui régnait en ces lieux. Des chats au regard vitreux, maigre à en faire peur les regardaient tristement, assis sur de fines paillasses pourries et usées par le temps.
Lorsque Nuage de Brise voulut sortir, une fois que les chiens les eurent laissé seuls, un vieux matou l'avertit :
« Il ne vaut mieux pas petite. Crois-moi, il ne vaut mieux pas faire ce que tu allais faire. »La femelle se décida à s'asseoir et les petits vinrent se blottir contre elle, tremblants de peur. Elle hésita à questionner l'ancien, de peur de faire une gaffe ou quelque chose d'interdit. Plus rien n'était sûr par ici désormais.
Dim 29 Juil - 11:52
